Canal de Nantes à Brest

En bateau, suivre le canal de Nantes à Brest, c’est découvrir l’arrière pays breton à un rythme tranquille et reposant. Le charme vient de la découverte de nouveaux paysages après chaque courbe loin de la foule. Thomas et Chloé ont vécu cette aventure pendant 5 jours de l’été 2015 entre Redon et Nantes à bord d’un Blue Djinn, un voilier de 6.10 m.

Pour les voileux, pouvoir avancer seulement au moteur est frustrant, mais bien d’autres aspects méritent de faire cette expérience. Sur le canal, le temps le plus agréable est quand il fait beau et qu’il n’y a pas de vent. Mais pas question de piquer une tête pour nager. L’eau n’a pas la qualité baignade.

Le canal est rempli de poissons chat. S’ils se laissent attraper par Chloé, ils n’atterrissent pas dans la casserole, Ils ne sont pas classés dans les bons mets de la cuisine française. Mais font peut-être l’affaire du héron cendré qui les regarde passer.

La navigation est rythmée par les écluses et la rencontre des éclusiers et des éclusières. Les différences de niveau entre deux biefs successifs sont de 1 à 3 m. L’éclusier manœuvre les vannes et les portes dans un ordre précis. C’est un travail physique. L’eau monte ou descend et fait danser le bateau. A l’avant et à l’arrière, chacun surveille et réajuste la longueur de son amarre.

A 18h, les portes des écluses sont fermées. Il faut anticiper pour s’arrêter dans un cadre plaisant et savoir profiter des opportunités comme à Bout de Bois où un festival les attendait. Après la fête, pas besoin de prendre le volant, on retourne dormir sur le bateau amarré à coté le long du chemin de hallage.

Un peu d’histoire

Le canal relie Nantes à Brest, traversant les vallées de l'Isac, de l'Oust et du Blavet. 227 km de cette voie d'eau sont encore en service aujourd'hui.

L'idée d'ouvrir une voie de navigation intérieure en Bretagne date du XVIe siècle. Un premier projet de canal et des plans sont élaborés en 1769, mais ils ne sont pas réalisés. Ce programme d'aménagement est repris par Napoléon pour des raisons militaires, au cours du blocus continental, au moment où les Anglais surveillent les côtes bretonnes de Belle-Île à Ouessant. Mais l'Empire disparaît avant même que les travaux aient commencé. C'est en 1824, sous la Restauration, que la construction débute réellement, conformément au tracé du XVIIIe siècle. Le canal est terminé sous Louis-Philippe en 1840.

La création du canal, initialement prévue pour des raisons militaires — relier les trois grands ports de l'Ouest : Nantes, Lorient et Brest — se révéla bénéfique au commerce, et contribua à l'essor de l'agriculture et de l'industrie bretonnes : les péniches, d'abord à voile et traînées par des chevaux sur les chemins de halage, puis à moteur, assurèrent jusqu'aux années 1950 le transport du bois, du sable, du blé, de l'ardoise, des engrais et des denrées alimentaires (café et sucre).

En 1923, le canal est coupé en 2 avec l’aménagement du lac de Guerlédan et de son usine électrique. Cette retenue a été vidée en 2015 pour des besoins de maintenance.

Aujourd’hui, le canal joue un rôle touristique avec des mouvements de pénichettes et des randonneurs à pied ou à vélo. C’est une épine dorsale qui relie la Bretagne historique.

Pratique

Le passage des écluses est gratuit de même que l’arrêt sur les pontons visiteurs.

Pour simplifier la vie à bord, le mat a été enlevé à Redon. Il a donc fallu le transporter séparément sur la remorque.